Les Principes de la Validation ont été conçus par Naomi Feil, ils s’appliquent aux personnes âgées mal orientées et désorientées.

Ces principes nous guident dans nos pratiques et déterminent l’attitude de base en validation

 

Les fondements théoriques ont été élaborés par d’autres théoriciens et s’appliquent à la population en général (pas spécifiquement à des personnes âgées désorientées). Ils constituent une base scientifique pour les principes de la Validation, nécessaire quand il s’agit de répondre aux questions des scientifiques et des universitaires.

Nos pratiques et nos comportements découlent des principes et justifient l’emploi des techniques de Validation.

 

  1. Chaque personne âgée mal orientée ou désorientée est unique et a de la valeur

Exemple :

Une vieille femme âgée de 90 ans vit dans une Maison de retraite. Elle hurle. L’aide- soignante l’appelle « mon choux », « mamie » ou « grand mère ».

Les soignants qui utilisent la Validation s’adressent à elle en l’appelant « Mme Dupont »

Dans la pratique de la Validation :

Nous nous adressons aux personnes âgées d’une manière respectueuse et nous traitons chaque personne comme un individu.

Cette Théorie est issue des psychologies humanistes (Maslow, Rogers, May, etc., ..): « reconnaître son client comme un individu unique ».

 

  1. Les personnes âgées mal orientées et désorientées devraient être acceptées comme elles sont : nous ne devrions pas essayer de les changer

Exemple :

Une femme âgée de 90 ans demande son petit déjeuner alors qu’elle vient de le terminer. L’infirmière ne dit pas : « Voyons mon p’tit! Il est 8 heures, vous venez de finir tout votre petit déjeuner. Vous ne pouvez pas avoir faim. »

Avec la Validation, nous savons que cette femme a peut-être psychologiquement « faim » de sa famille, « faim » d’amour. Nous lui demandons: « qu’est-ce qui vous comblerait ? Qu’est-ce qui vous rassasierait ? »

Dans la pratique de la Validation :

Nous n’essayons pas de changer le comportement de la personne, mais l’aidons à satisfaire les besoins qu’elle exprime.

Cette Théorie est issue des psychologies humanistes (Maslow, Rogers, May, etc., ..) : « accepter son client sans jugement « . De plus, Freud nous dit que : « Le thérapeute ne peut pas amener son client a des prises de conscience ou a changer de comportement , si ce dernier n’est pas disposé à le faire ou s’il n’a pas les capacités cognitives de faire des prises de conscience.

 

  1. L’écoute empathique crée la confiance, réduit l’anxiété et restaure le sentiment de dignité.

Exemple :

Une vieille femme déclare, furieuse, que l’aide soignante a renversé une bassine d’eau sur ses vêtements et que maintenant elle est toute mouillée.

L’aide soignant familier et expérimenté dans la pratique de la Validation reformule et lui demande : « Est-ce que ça vous arrive tous les matins ? » La dame répond  » : oh oui, chaque matin ! » le soignant : « Est-ce qu’il y a un matin où elle ne renverse pas la bassine d’eau sur vous ? La dame  » : oui, seulement quand cette gentille petite aide-soignante vient dans ma chambre la nuit pour veiller sur moi et qu’elle me demande si j’ai besoin d’aller aux toilettes. Vous voyez, je deviens vieille et parfois il m’arrive d’avoir des fuites ! »

Dans la pratique de la Validation :

Nous partageons les sentiments de la personne très âgée sans nous préoccuper de la réalité des faits

Cette Théorie est issue du courant de psychologie humaniste et plus spécifiquement du travail de Rogers, qui a focalisé sur la pratique de l’empathie, son approche centrée sur la personne.

 

 

  1. Les sentiments douloureux qui sont exprimés, reconnus et validés par un interlocuteur de confiance s’apaisent ; ignorés ou réprimés, ils gagnent en intensité

Exemple :

Une vieille femme se lève tous les après-midi à 15h30 pour rentrer à la maison s’occuper de ses enfants. Quand un soignant lui dit « asseyez-vous, tout va bien » la dame s’agite et se fâche de plus en plus. Au contraire quand le soignant lui pose des questions au sujet de ses enfants, qu’il utilise le toucher de l’enfant et chante une chanson enfantine, la dame s’apaise peu à peu.

 

Dans la pratique de la Validation :

Nous accueillons toutes les émotions exprimées par la personne âgée. Avec empathie, nous partageons ces émotions et nous encourageons leur expression. Nous considérons que les personnes âgées désorientées se soignent elles-mêmes, en exprimant librement leurs émotions.

Cette Théorie est issue du courant de la psychanalyse (Freud, Jung, etc…) : Les émotions réprimées gagnent en intensité « le chat ignoré devient un tigre »

 

  1. La raison sous-jacente au comportement d’une personne très âgée mal orientée ou désorientée peut être l’un ou plusieurs des besoins humain de base suivants :

  • La résolution de tâches inachevées afin de mourir en paix
  • Vivre en Paix.
  • Le besoin de restaurer la sensation d’équilibre vital quand leur vue, ouïe, mobilité et mémoire leur font défaut
  • Le besoin de donner du sens à une réalité insupportable, de trouver un lieu rassurant, confortable dans lequel les personnes leur sont familières.
  • Le besoin d’avoir de la reconnaissance, un statut, une identité et de l’estime de soi
  • Le besoin d’être utile et
  • Le besoin d’être écouté et respecté.
  • Le besoin d’exprimer des émotions et d’être entendu
  • Le besoin d’être aimé, le besoin d’appartenance et de contact humain
  • Le besoin d’être « nourri », de se sentir en sécurité plutôt qu’immobilisé et contraint
  • Le besoin de stimulations sensorielles : tactiles, visuelles, auditives olfactives, gustatives, tout comme d’exprimer des besoins sexuels
  • Le besoin de réduire la douleur et l’inconfort.

Ainsi ils sont attirés dans le passé ou s’échappent du présent dans le but de satisfaire ces besoins. Ils résolvent, se retirent, se libèrent, revivent et s’expriment.

Exemples :

Une vieille femme très désorientée embrasse tendrement sa main. Sa main symbolise son bébé Cette femme a subi un avortement, maintenant sa culpabilité s’exprime. En utilisant sa main, elle voit son bébé avec les yeux de son esprit pour résoudre ce sentiment de culpabilité et restaurer son identité de « bonne maman ».

Ou encore

Une vielle femme tapote sur la table devant elle comme sur un clavier de machine à écrire, elle était dactylo et ce faisant elle maintient ainsi sa dignité et son identité. Elle ne peut pas supporter d’être cette vielle femme sans profession et pour rétablir son équilibre, elle travaille.

Dans la pratique de la Validation :

Nous acceptons que les personnes très âgées sont dans la dernière étape de leur vie, la résolution : nous les accompagnons dans ce processus ; nous acceptons que souvent elles se situent dans une réalité subjective et considérons cela comme une réponse sage et bénéfique pour faire face à une réalité présente insupportable.

 

Ici la référence théorique est :

–   La pyramide des besoins de Maslow

  • Les tâches de vie d’Erik Erikson

–   La psychologie humaniste: les êtres humains luttent pour maintenir leur équilibre vital (principe d’homéostasie) et disposent de capités d’auto-guérison (Rogers en particulier)

 

  1. Il y a un sens sous-jacent au comportement des personnes très âgées désorientées

Exemples :

Une vielle femme accuse le cuisinier d’empoisonner la nourriture. Le soignant ne répond pas : « Madame cela n’est pas possible, nous avons le meilleur cuisinier de Paris ».

Le soignant sait que cette vielle femme a peut-être été trop nourrie par sa mère (plutôt qu’aimée) et maintenant cette femme exprime sa colère à l’égard du cuisinier.

Une autre vieille dame refuse de manger son potage, et vomit à chaque fois qu’on la force à le manger. Cette femme, juive, avait, lors de la seconde guerre mondiale, jeté ses papiers d’identité dans la soupière, pendant un contrôle de la gestapo à son domicile. Cela lui a permis d’avoir la vie sauve alors que son mari, arrêté avec elle, est mort en déportation.

Dans la pratique de la Validation :

Même si nous ne connaissons pas toujours les raisons du comportement de la personne âgée, nous l’aidons à exprimer ses émotions et à résoudre des tâches inachevées.

Cette Théorie prend sa source dans le travail d’Adrian Verwoerdt. L’idée selon laquelle : les lésions cérébrales ne sont pas les seuls déterminants des comportements liés au grand âge, est aujourd’hui accepté par la plupart des gériatres.

Les comportements sont déterminés par la combinaison des changements physiques, psychologiques et sociaux qui jalonnent le parcours de vie

 

  1. Lorsque la mémoire des faits récents diminue et que la parole s’estompe, les grands vieillards désorientés retrouvent des comportements appris tôt dans l’enfance.

Exemples :

Des mouvements de la langue, des dents et des lèvres créent des nouvelles combinaisons de mots – c’est l’expression d’un des besoins fondamentaux.

Une vieille femme suce son pouce pour se sentir en sécurité et vivre un moment de bien-être (comme quand elle était bébé), c’est de l’autostimulation, elle est vivante.

Les mouvements, appris tôt dans l’enfance remplacent les mots lorsque la parole s’estompe.

Une vieille femme serine : « CIELAID ». Elle dit au soignant qu’elle a besoin de l’aide du Ciel. Sa mère est au Ciel. Elle fait une combinaison avec les images et les sons pour faire le mot : CIELAID.

Dans la pratique de la Validation :

Nous calibrons la respiration, les mouvements, l’attitude, les tensions corporelles et reflétons en faisant le miroir des mouvements et des sons. Ceci nous permet de nous mettre sur la même longueur d’ondes que les personnes âgées et de les rencontrer là, où elles sont à ce moment-là, même si nous ne pouvons expliquer leur comportement de façon logique.

La Théorie est issue du travail du psychologue suisse Piaget. Il a découvert que les mouvements sont antérieurs au langage dans le développement cognitif de l’être humain.

 

  1. Les symboles personnels, qui sont utilisés par les personnes très âgées mal orientées ou désorientées, sont des personnes ou des objets d’aujourd’hui (du temps présent) qui représentent des personnes, des objets ou des concepts du passé qui sont chargés d’émotion.

Exemples :

Symbole d’une personne :

Un vieil homme qui a été toute sa vie maltraité par son père, accuse le directeur de la maison de retraite de le ligoter quand vient la nuit.

Une poupée est choyée par une vieille femme comme un bébé.

Symbole d’un concept :

Une alliance peut symboliser l’amour,

Un sac à main peut symboliser l’identité ou le « Soi » Symbole d’un objet :

Le couloir de la maison de retraite peut devenir une rue, Une chaise roulante une voiture

Un vieil homme, qui était mécanicien automobile, se retrouve chaque jour sous son lit pour réparer sa voiture

Dans la pratique de la Validation :

Nous acceptons que les symboles soient utilisés par les grands vieillards pour exprimer des besoins et des émotions.

Nous essayons d’explorer et de comprendre ce que ces symboles pourraient représenter.

 

 

La Théorie est tirée des travaux de Freud et de Jung qui ont écrit abondamment au sujet des symboles, ils les décrivaient comme des représentations

 

  1. Les personnes âgées mal orientées ou désorientées vivent avec plusieurs niveaux de conscience, souvent simultanément

Exemple :

Une vieille femme s’enfuit de la maison de retraite en appelant sa maman, elle a besoin de retrouver sa mère. Quand le soignant lui demande « où est votre maman ? », la vieille dame répond : « ma mère est au ciel avec le Seigneur »

 

Dans la pratique de la Validation :

Nous ne mentons jamais aux personnes âgées, dans la mesure où nous savons , qu’à un certain niveau, elles connaissent la vérité.

La Théorie est issue du travail de Freud au sujet du préconscient, du conscient et de l’inconscient.

 

  1. Quand un ou plusieurs de leur cinq sens sont touchés, les personnes très âgées mal orientées ou désorientées stimulent et utilisent leurs « sens intérieurs ». Elles utilisent les « yeux de leur esprit » et écoutent « les sons venus de leur passé »

 

Exemples :

Une mère entend ses enfants l’appeler. Elle souhaite toujours être une bonne mère pour ses enfants,

Une mère entend chaque nuit sa fille crier dans la chambre d’à côté. Sa fille est morte à l’hôpital, d’une méningite à l’âge de 17 ans et cette mère n’a jamais eu suffisamment de temps pour la pleurer et en faire le deuil. Elle a besoin de l’exprimer.

Un vieil homme voit toutes les nuits sa femme, elle vient lui rendre visite.

Dans la pratique de la Validation :

Quand des personnes âgées mal orientées ou désorientées voient ou entendent des choses dont nous ne percevons pas la réalité, nous acceptons ces choses comme étant une partie de leur réalité personnelle.

La Théorie est issue des travaux de Walter Penfield : L’être humain peut utiliser son cerveau afin de réactiver (dans sa mémoire) des souvenirs visuels, auditifs, ou kinesthésiques.

  1. Des évènements, émotions, couleurs, sons, odeurs, goût ou images du présent peuvent réveiller le souvenir d ‘évènements passés associés aux mêmes émotions

Exemple : Une vieille femme s’abrite derrière son fauteuil morte de peur, à chaque fois qu’elle entend le chariot repas dans le couloir du service. Elle ressent la même peur qu’au moment où les chars ont traversé les rues de son village et bombardé sa maison, quand elle avait 4 ans.

Dans la pratique de la Validation :

Nous comprenons et acceptons sans jugement et avec empathie, que pour ces personnes,    des évènements actuels, agissent comme des déclencheurs réactivant le souvenir d’évènements du passé.

La Théorie est issue des travaux de Schettler et Boyd : Les souvenirs marquants du jeune âge, chargés émotionnellement, persistent dans le grand âge.

Au niveau théorique se rappeler de l’aspect biologique de la mémoire émotionnelle.